Le Vésinet, jeudi 2 novembre 2017
Lætitia Aymonin est passée de 7 heures de sport intense par semaine à quelques minutes de marche, à la suite d’un cancer du sein. Accompagnée, motivée, elle a finalement participé à une course dédiée aux femmes, La Parisienne, qui soutient la recherche médicale.
J’ai appris que j’avais un cancer du sein ce printemps. Je ne me suis jamais sentie invincible face à la maladie. Toutefois, je ne m’attendais pas à cette nouvelle aussi tôt dans ma vie. 35 ans. 2 garçons de 1 et 3 ans. Une carrière professionnelle à l’international. Une vie saine et sportive. Au vert autant que possible. Sans excès. Une incompréhension totale. On connait tous quelqu’un qui… Mais quand ça vous tombe sur la tête comme une chape de plomb, mieux vaut s’entourer d’un comité restreint de proches aux reins solides et de professionnels compétents. Les proches devront être prêts à se prendre des “non” secs et à garder les dents serrées. La fatigue peut rendre les propos du survivant involontairement indécent. Quant à l’équipe médicale choisie (j’insiste sur ce mot, choisie, ce qui implique la consultation d’au moins deux oncologues), elle sera garante d’une sérénité de l’esprit, la confiance étant de mise pour un meilleur rétablissement.
Parmi les options possibles pour faciliter la vie d’un cancéreux, l’activité physique a aussi sa part du gâteau. J’ai toujours été une grande sportive mais le rythme imposé par le corps médical m’a coupé dans mon élan. Entre les examens, les opérations et les cures, c’était un tout autre challenge. Il m’a fallu accepter de passer de 5-7 heures de sport intense par semaine à quelques minutes de marche à allure plus que réduite vu les nausées et les douleurs dans les os. La douleur physique n’était pas le plus dur. L’acceptation de cet état était bien plus difficile. Les médecins me le recommandaient à chaque consultation :
“Essayez 20 minutes de marche par jour. L’assimilation de votre traitement dans votre corps sera plus facile et la fatigue amoindrie.”
Je ne trouvais parfois pas la motivation et leur recommandation ne faisait qu’augmenter mon sentiment de culpabilité. Je me suis forcée. Vraiment. L’expression “se tirer hors du lit” prend tout son sens. J’ai demandé à mes proches de m’accompagner pour me motiver. Et ça a payé. Petit à petit. Pas à pas. J’ai repris la course à pied tout doucement. Des amies se sont relayées pour m’accompagner à chaque entraînement. Nous avons couru La Parisienne ensemble. Je n’étais pas fière de mon temps, mais j’étais émue jusqu’aux larmes de pouvoir physiquement y participer sans douleurs.
J’ai terminé la chimiothérapie depuis une semaine et je me sens maintenant assez bien dans mon corps pour reprendre une activité physique plus intense. Comme si les efforts de cet été avaient maintenu un régime de survie au strict minimum à mes muscles, mes ligaments, mon cœur et mes poumons. Et cela me suffit pour l’instant pour reprendre une vie “normale”. J’aurais aimé être de bon conseil pour les nouvelles roses.
On vit chacune son cancer comme on le peut et les circonstances sont tellement variées qu’il est difficile de dresser une liste des choses à faire ou à éviter.
Je souhaite simplement me tenir disponible auprès de toute rose dépassée. Même si cela est bénéfique à une seule rose, ce sera toujours une de plus à se sentir soulagée. N’hésitez pas : laymonin@hotmail.com.