Cernay, jeudi 13 septembre 2018
Pascaline Metzger a 48 ans. Depuis 3 ans, elle vit avec la maladie de Parkinson. Sur les conseils de son médecin, elle se lance dans la course à pied et devient représentante d’une association contre cette maladie neuro-dégénérative.
En février 2015, je passe plusieurs examens à cause d’une douleur à l’omoplate. Je finis chez un neurologue et le diagnostic tombe : la maladie de Parkinson. C’est un coup dur. Je ne tremble pas ; mon principal symptôme est l’akinésie, c’est-à-dire que je souffre d’un ralentissement de mon bras droit et j’éprouve des difficultés à écrire. Dès le rendez-vous suivant, le spécialiste me dit : « Je veux que vous pratiquiez un sport et que vous vous investissiez dans ce sport. » Il dit que ça m’occupera l’esprit. Plus jeune, j’avais un faible pour la course à pied, que je n’avais jamais vraiment pratiquée, par manque de motivation.
Et c’est malade que j’ai commencé. Seule, d’abord, sans trop savoir comment m’y prendre, en cherchant des renseignements à droite à gauche. Je finis par m’inscrire dans un club, ce qui m’a beaucoup aidée. Mais, souffrant également d’incontinence urinaire, j’ai dû arrêter 4 mois pour faire une rééducation du périnée. Une pause synonyme de déception et de déprime. En parallèle, j’ai commencé par chercher une association qui me correspondait. J’ai trouvé Vaincre Parkinson, dont la devise est « Courir avec le cœur pour atteindre des sommets ».
“Je cours avec le pied de travers”
Après ma reprise, je me lance sur une première course de 5 km. Je suis stressée, je me demande si je vais être à la hauteur, si ça va me plaire… Et je trouve ça génial ! En changeant de club, un coach me prend en main : je cours avec lui 2 matins par semaine, fais du fractionné, du gainage… Petit à petit, j’augmente ma vitesse, si bien que je vise l’objectif de passer sous l’heure sur un 10 km. Et je me lance des défis : je veux avancer malgré ma maladie. Un premier trail, un deuxième, un troisième… à la fin duquel je fais un malaise vagal ; l’effort est chaque fois plus important.
Je suis désormais la représentante de l’association pour la région Grand Est. Cela me fait du bien de m’investir, de faire avancer les choses en parlant de cette maladie et en aidant les personnes isolées.
Je continue de faire des courses et faire connaître l’association, mais m’aperçois qu’il est difficile de transmettre ce message de sport, car les gens ont peur de la maladie.
En septembre prochain, Daniel Hiegel, coureur à pied, va parcourir l’Alsace en courant 446 kms en 8 étapes. Il va réaliser ce grand défi physique pour porter un message et sensibiliser le grand public sur la maladie. Il en profitera également pour récolter des fonds, reversés à la recherche contre Parkinson au CHU de Lille. J’espère l’accompagner sur plusieurs kilomètres et participer, à ma façon à ce défi, en fonction de mes moyens.
Car malheureusement, la maladie évolue. Après le bras, c’est le pied qui est touché et là, c’est plus gênant. Tous les matins, je fais de la dystonie, c’est-à-dire que j’ai des torsions incontrôlables des orteils. Ce qui me pose des problèmes pour la course : parfois, il me faut plusieurs kilomètres pour que mon pied droit se pose à plat. Alors je cours avec le pied de travers, ce qui me crée des ampoules. Mais je me bats, je n’abandonne pas, je lutte. La motivation est toujours présente. D’autres symptômes sont apparus, comme la dyskinésie. Il m’arrive d’avoir des mouvements incontrôlables du bras et de la jambe. C’est très impressionnant à vivre. Tant que je pourrais, je continuerai la course à pied et je me fixe des objectifs qui m’aident.
Le 30 juin 2018, j’ai fait une course de Burnhaupt où l’organisateur est venu me voir et me proposait de reverser un euro à l’association pour chaque inscription. Pour moi, c’était le début d’une grande aventure.
La famille est très importante. Mon mari, photographe amateur, adore me prendre en photos lors de mes courses. Il m’encourage et me suit partout, ce qui très agréable, quand on sait que beaucoup de couples se séparent à cause de la maladie et de son acceptation.
Pour finir, la course à pied est vraiment pour moi un remède et je suis persuadée que cela ralentit la maladie. Même si parfois, il y a des jours où j’ai un peu de mal, mais je retourne courir, je n’abandonnerais pas, ce n’est pas dans ma nature.