Fin juillet, France Inter publiait un reportage audio intitulé “Le sport, la bête noire du cancer”. Réalisé en Dordogne, il s’appuyait sur les Dragon ladies, ces femmes – et hommes – atteintes d’un cancer du sein qui pratiquent le dragon boat, pour souligner les bienfaits du sport dans le traitement de cette maladie. Relayé sur Facebook, il n’a pas manqué de faire réagir… L’une questionne, non sans ironie : “La solution, c’est de faire un footing ? Mais de qui se moque-t-on ?” Certains estiment que “pendant le traitement, c’est impossible” alors qu’une autre affirme qu’il ne s’agit que d’un “épiphénomène”, que de gens “stimulés par la compétition”.
À l’époque, nous avions tenté de répondre à ces personnes sceptiques, tout comme la Cami de Dordogne. Nous nous étions rendu compte qu’il y avait un énorme travail de pédagogie à faire : le simple fait de dire que le sport peut accompagner les traitements ne suffit pas. C’était avant de lancer notre site Internet, et nous avions encore des connaissances limitées à ce sujet.
Aujourd’hui, nous pouvons nous appuyer sur des études et les discours de chercheurs et de médecins pour étayer notre propos. Vous voulez convaincre votre oncle féru de sport sur canapé de se mettre à la pétanque ? Vous aimeriez encourager vos enfants à se rendre au lycée à vélo ? Vous souhaitez participer à la lutte contre la sédentarité en informant vos copains ? Découvrez ci-dessous une liste non exhaustive d’arguments concrets et de références sourcées pour répondre aux idées reçues.
Si on vous dit :
Faire du sport pendant un traitement ? Tant mieux pour ceux qui y arrivent, mais c’est surtout bon pour le moral…
Vous pouvez répondre : Pas seulement pour le moral ! Si c’était le cas, on n’aurait pas créé ce site Internet… De nombreuses études montrent que la pratique du sport pendant les traitements réduit le risque de mortalité. Dans le cas du cancer du sein, celui-ci diminue de 34 % ; jusqu’à 50 % chez les personnes atteintes d’un cancer du côlon, si celles-ci pratiquent une activité physique à une intensité particulièrement élevée ; et de 49 à 61 % chez les hommes souffrant d’un cancer de la prostate qui s’adonnent à plus de 3 heures de sport par semaine. On récapitule ? C’est prouvé scientifiquement : la pratique d’une activité physique adaptée, à une certaine intensité selon la maladie, permet de réduire le risque de mortalité de 34 % pour un cancer du sein, de 50 % pour un cancer du côlon, et jusqu’à 61 % dans le cas d’un cancer de la prostate.
D’ailleurs, le sport est reconnu comme “thérapie non-médicamenteuse” par la Haute autorité de santé (HAS), une autorité publique à vocation scientifique, qui a pour mission l’évaluation (de produits, de prestations), la recommandation (de bonnes pratiques, d’études cliniques) et la certification (des établissements de santé).
Faire du sport quand on est malade ? C’est ajouter de la fatigue à un corps déjà très fatigué par les traitements…
Effectivement, la chercheuse rennaise Amélie Rébillard affirmait que plus de 80 % des patients atteints de cancer décrivent une fatigue importante. Celle-ci est directement imputable à la maladie. Mais à force de repos, recommandé souvent “à tort”, selon la chercheuse, par les médecins, le malade peut tomber dans le cercle vicieux du déconditionnement et arriver à un état d’intolérance à l’activité physique, explique un rapport de l’Institut national du cancer datant de mars 2017. Autrement dit, moins on fait d’exercice pendant la maladie, plus on va perdre la capacité à en faire.
Ce même rapport relève, après avoir étudié plusieurs méta-analyses (démarche scientifique combinant les résultats de nombreuses études indépendantes sur un même sujet), que l’activité physique permet une diminution d’environ 25 % du niveau perçu de fatigue, dans le cas de cancers du sein et de la prostate. À condition que l’intensité des exercices soit modérée, de même que leur quantité hebdomadaire
Idéalement, il ne fautt pas excéder 10 à 12 MET.h par semaine. Le Met, ou Metabolic equivalent of task, est l’outil de mesure de l’intensité physique et de la dépense énergétique. Vous trouverez quelques exemples d’activités physiques et de leurs équivalences métaboliques/intensité sur le site de l’Organisation mondiale de la santé.
J’ai lu qu’on pouvait guérir du cancer simplement en faisant du sport !
Alors là, non, tata, je ne peux pas te laisser dire ça. Comme il n’existe pas d’aliments “miracles” – même si certains peuvent aider à réduire les risques d’avoir un jour un cancer – ou de formules magiques. Si tu crois en l’homéopathie ou l’acupuncture comme nous croyons dans le sport, grand bien te fasse. Ça ne peut pas te faire de mal, à condition que ces traitements soient suivis en complément des thérapies classiques (chimio-radio-immuno). On parle dans ce cas de traitements complémentaires, et non alternatifs, mot qui induit qu’ils seraient appliqués seuls. Et une étude de l’université Yale, aux États-Unis (dont Le Figaro fait un bon résumé), a montré que les patients qui ne recourent qu’à ces traitements alternatifs (n’hésitons pas à le répéter : des traitements suivis seuls, sans thérapies conventionnelles) ont 5 fois plus de chance de mourir dans le cas d’un cancer du sein, 2 fois plus pour un cancer du poumon. Nous vous réservons à ce sujet une vidéo pour début novembre…
Laisse-moi rire ! Tu veux me faire croire que je vais mourir parce que j’suis assis toute la journée ?
Ben… Disons que tu ne vas pas tomber raide mort en consultant tes mails un beau matin, mais ce n’est ni bon de rester assis trop longtemps dans la journée (sédentarité), ni de ne pas se dépenser suffisamment (inactivité physique). Être sédentaire, c’est rester assis entre 6 à 8 heures minimum par jour – une durée qu’on atteint très – trop – vite. C’est d’autant plus important de s’en rendre compte que la sédentarité (qui peut conduire à des maladies cardiovasculaires, des cancers ou du diabète) est considérée comme le 4e facteur de risque de décès dans le monde (selon l’OMS), et le 1er évitable ! 4 millions de décès pourraient en effet être évités si on était moins sédentaire. Et la première des choses pour se maintenir en bonne santé, c’est de sortir de l’inactivité physique, par exemple en marchant 30 minutes 5 fois par semaine, explique la Pr Martine Duclos. Malheureusement, ces recommandations de l’OMS, seules un peu plus d’une femme sur deux arrive à les atteindre…
Mais tu crois que j’ai le temps, de faire du sport 5 fois par semaine ?
Le temps, il suffit de le trouver – tout dépend de nos priorités. Bien sûr que ce n’est pas facile de se lever une heure plus tôt tous les matins pour aller se faire un footing, ou d’aller nager après avoir fait dîné les enfants. Mais il existe des astuces simples pour atteindre les recommandations de l’OMS. Selon les données de l’Insee, en 2013, 33,7 % des “navetteurs” vivent à moins de 10 km de leur lieu de travail.
Comprenez les personnes dont le lieu de travail est dans une commune différente de leur commune d’habitation. Certes, il faut être courageux l’hiver, mais 10 km à vélo, ça se fait en moins d’une heure… Il y a aussi l’option mixte : à vélo jusqu’au métro, et on sort un arrêt plus tôt pour marcher un peu plus.
De toute façon, c’est quand même pas un drame si j’ai un petit peu de ventre…
Mmmh, ça peut le devenir ! Le surpoids et l’obésité se définissent (toujours selon l’OMS) comme “une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle… qui peut nuire à la santé”. Est en surpoids toute personne dont l’Indice de masse corporelle (IMC) dépasse 25… et cela représente, en 2016, 1,9 milliard d’adultes dans le monde, soit 39 %. Auxquels on ajoute 13 % d’obèses. Quant aux enfants obèses de 5 à 19 ans, on en compte 10 fois plus qu’il y a 40 ans, soit 124 millions. Si de plus en plus de personnes, aujourd’hui, assurent “assumer leurs rondeurs” et arrivent à aimer leur corps tel qu’il est – et c’est tant mieux -, il faut surtout souligner que “le risque de contracter des maladies non transmissibles augmente avec l’IMC”. Les personnes en surpoids ou obèses sont plus sujettes aux maladies cardiovasculaires (dont les accidents vasculaires cérébraux), au diabète, aux troubles musculo-squelettiques (dont l’arthrose) et… à certains cancers (sein, prostate, foie, rein, côlon). Les enfants obèses peuvent également avoir des difficultés respiratoires, une hypertension artérielle, un risque accru de fractures ou encore des problèmes psychologiques. Et le principal remède contre ça, on ne vous l’apprend pas : c’est l’activité physique.
Oui enfin, la Sécu ne peut pas rembourser des licences de sport à toutes les personnes malades !
Même si ce n’est malheureusement pas encore au programme, on peut se poser la question : et pourquoi pas ? Étant donné que l’activité physique permet de réduire l’usage de certains médicaments,
…puisqu’elle permet de mieux contrôler, voire de normaliser la glycémie et donc de diminuer le dosage de l’insuline, voire de s’en passer, et c’est la Fédération française de cardiologie qui le dit dans le cas du diabète de type II par exemple, on peut imaginer que la Sécurité sociale serait gagnante… surtout quand on sait que ses dépenses dues à la sédentarité atteignent 6 milliards d’euros par an. Et la prise en charge de l’activité physique ? “Entre 100 et 300 € par an par patient”, selon la Pr Martine Duclos, “environ 200 € par an”, tranche Alexandre Feltz, médecin généraliste et maire adjoint à la santé à Strasbourg. Sans compter les coûts liés aux accidents sportifs.
En termes de prévention primaire, la Sécu aurait également beaucoup à gagner : selon un rapport de l’Hospinnomics, sur l’évaluation économique des bénéfices du sport sur la santé, datant de septembre 2014, si toutes les femmes étaient suffisamment actives, le risque d’avoir un cancer du sein serait moindre… et l’économie annuelle atteindrait 650 millions d’euros.
D’ailleurs, ça coûte combien, une chimio ?
Début septembre, l’Institut Curie de recherche, de lutte et de soins contre le cancer mettait en lumière une série de chiffres à ce sujet. Et soulignait que 67 % des Français sous-estimaient le coût d’une chimiothérapie, qui oscille en moyenne entre 5 000 € et 10 000 €. Il relevait aussi que le coût de la prise en charge des cancers (à 100 %) par l’Assurance maladie atteint 16,1 milliards d’euros, contre un peu moins de 11 milliards d’euros en 2004, selon une analyse de l’Institut national du cancer. Logique, quand on sait que le nombre de patients en Affection longue durée (ALD, dont les cancers font partie) a bondi de 33 % en 10 ans – soit 6,56 millions en 2004, contre 10,1 millions en 2015. L’Institut Curie soulignait aussi que 44 % des Français ne font pas le lien entre prévention et limitation des coûts pour l’Assurance maladie… Il faut dire que la prévention n’est pas encore entrée dans les habitudes françaises, ni dans les cabinets médicaux : selon la Mutualité française, la prévention ne représente que 2 % des dépenses courantes de santé.
commentaires
Bonjour
Il y a beaucoup de “baratin” informatique qui apparaît dans le texte, le rendant illisible. Dommage…
Cordialement
Bonjour. Merci de nous le signaler. Effectivement nous avons eu un beug sur le site. Chaque “baratin” correspondant à des mots de lexique qui devaient apparaitre. Nous allons bientôt relire tout pour mettre au propre.